Nous recevons ce-mois ci Marion (ALT à Chiba) et Jana CIR à Miyazaki), responsables du réseau francophone (SGL), véritables grandes sœurs des JETs français.
Bonjour, pourriez-vous nous parler de votre parcours et de votre travail aujourd’hui ?
Marion : J’ai un parcours plutôt atypique, puisque je n’ai pas appris le japonais avant de partir au Japon. J’ai fait mes études à Aix-en-Provence, où j’ai obtenu une maîtrise puis un CAPES d’espagnol dans la foulée. Après trois ans d’enseignement, je suis partie au Japon pour suivre mon mari, passionné d’Asie. Je suis maintenant ALT (Assistant Language Teacher) dans ma troisième année, dans un lycée de la banlieue de Tokyo où j’enseigne le français, l’anglais, et même un tout petit peu l’espagnol ! Quant au poste de SGL (Self-Support Group Leader), c’est la deuxième année que je l’occupe. En deux mots, il s’agit d’une activité bénévole qui consiste à prêter une oreille attentive aux JETs francophones en poste, à leur prodiguer des conseils, leur apporter un soutien psychologique ou la réponse à une question pratique, et à faire le lien entre eux et les différents organismes du JET (CLAIR, organismes contractants, ambassades…)
Jana : Bonjour, ancienne étudiante LEA à l’université Toulouse Le Mirail, je suis depuis 3 ans maintenant CIR (Coordinator for International Relations) dans la petite ville de Mimata (Miyazaki). J’occupe le poste de SGL depuis moins d’un an, épaulant Marion dans sa deuxième année. Comme nous sommes deux, nous nous sommes partagées le travail. Je suis responsable des problèmes des CIR et Marion des ALT. Je m’occupe également de la communication avec l’ambassade pour organiser des réunions, tandis que Marion se charge de la communication entre JETs.
J’ai cru comprendre que la communauté des JETs francophones ne se limitait pas aux dix-neuf JETs français. Qu’en est-il ?
Jana : Après la première réunion des SGLs, nous avons envoyé un questionnaire à tous les JETs du Japon via les responsables de département, les PA (Prefectural Advisor). Nous avons eu beaucoup de réponses, ce qui nous a permis d’établir une liste de diffusion ainsi qu’une carte Google avec l’emplacement de chacun. Il y a au Japon en ce moment une centaine de JETs francophones, ce qui comprend bien sûr les JETs français, québécois, suisses et belges mais surtout un grand nombre d’anglophones ayant étudié le français et voulant le pratiquer. Lors du lancement du forum officiel des JETs francophones (www.programmejet.fr), nous avons fait suivre cette information via la liste de diffusion, qui nous sert également à faire circuler toutes les informations utiles à la promotion de la francophonie.
Comment faites-vous pour animer la communauté malgré l’éloignement?
Marion : Internet est bien sûr notre meilleur allié. La liste de diffusion nous permet de relayer toutes les informations importantes pour la communauté. La récente mise en ligne du forum des JETs francophones est également un gros atout pour ceux qui sont loin. Ça nous permet de rester en contact malgré la distance, et pour nous SGL de nous rendre compte de qui va bien, qui a une baisse de moral et qui aurait besoin d’un coup de fil… Le téléphone, donc, est un autre moyen de rester en contact. Et puis il y a les nombreuses conférences organisées par le CLAIR, durant lesquelles il y a souvent un atelier réservé aux groupes de langues « spéciales » (autres que l’anglais), ce qui nous permet de nous rencontrer « en vrai » au moins une ou deux fois par an.
Jana : Il existe aussi plusieurs numéros de téléphone pour les JETs en difficulté, répertoriés dans l’agenda JET et les lettres d’information du CLAIR. Ces lignes de soutien sont le plus souvent en anglais, mais il est possible d’y obtenir nos coordonnées si un JET dans le besoin préfère s’exprimer en français.
Les JETs français participent-ils aux festivités du 150ème anniversaire des relations franco-japonaises ?
Marion : Nous avons commencé à penser à cet anniversaire entre SGLs dès l’arrivée des nouveaux JETs l’été dernier. L’idée d’un événement commun plus ou moins à la même date, aux quatre coins du Japon nous plaisait. Nous avons donc sollicité la communauté des JETs français pour une foire aux idées, partagées par courrier électronique puis lors de notre réunion annuelle de novembre. Il en est ressorti que tout le monde est très motivé, mais que faire coïncider nos calendriers va être très dur ! Comme chacun a une marge d’action différente selon son employeur, l’événement lui-même prendra une forme différente pour chaque JET. A l’heure actuelle, des projections de films français, des cours de cuisine, des expositions, des jeux, sont prévus, étalés sur une semaine ou regroupés sur une journée. Affaire à suivre… Contact a été pris avec l’Ambassade, et les JETs français le souhaitant pourront, semble-t-il, bénéficier du logo officiel du 150ème anniversaire.
Pour finir, quels conseils donneriez-vous à des jeunes qui souhaitent participer au Programme JET ?
Marion : Tout d’abord, pour la sélection, j’ai envie de dire qu’un parcours atypique peut être un atout majeur. Parler japonais est important, certes, mais de plus en plus d’ALT sont recrutés pour leur expérience dans l’enseignement ou leur formation de FLE (français langue étrangère). Ne négligez pas non plus vos talents personnels qui vous feront sortir du lot ! Une fois recruté, je pense que ce qui est essentiel pour bien vivre le Programme JET, c’est d’être patient et diplomate, et d’accepter de faire des concessions sans pour autant renoncer à ses projets. Ne surtout jamais oublier qu’au Japon, les choses prennent du temps, et que l’anticipation peut faciliter bien des choses…
Jana : Les réclamations/problèmes/déceptions que nous entendons de la part des premières années JET sont souvent les mêmes : ennui, impression de ne pas être utilisé à la hauteur de ses capacités et de ne pas se sentir soutenu dans ses projets. En fait, il faut surtout prendre le temps de voir comment les choses fonctionnent et comment un projet/rêve peut prendre forme sans trop bousculer l’administration. Cela peut être un moteur de motivation également, ça a été le mien. En trois ans, j’ai dépassé la frustration des débuts et j’ai fait ma place, mes événements et tout ce que je voulais faire ont abouti. Le nouveau JET doit être prêt à cela, ce n’est pas facile mais le challenge en vaut la chandelle.
Merci à Marion et Jana pour leur disponibilité et la gentillesse qu’elles mettent au service de la communauté JET francophone.